Sénégal : Une loi encourage la violence contre les homosexuels

Dakar (HRW, le 30 novembre 2010). La loi sénégalaise qui criminalise les relations sexuelles librement consenties entre adultes est discriminatoire et encourage tant la police que les citoyens ordinaires à commettre des abus envers les homosexuels au Sénégal, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd'hui. Human Rights Watch a demandé l'abrogation de cette loi, l'article 319.3 du Code pénal sénégalais, et a exhorté le gouvernement à protéger tous les membres de la société, quelle que soit leur orientation sexuelle ou leur manière d'exprimer leur identité sexuelle.
Le rapport de 101 pages, intitulé « Craindre pour sa vie : Violences contre les hommes gays et perçus comme tels au Sénégal » (« Fear for Life: Violence Against Gay Men and Men Perceived as Gay in Senegal ») contient des entretiens avec des dizaines de personnes sénégalaises victimes de menaces et d'actes de violence de la part de la police ou d'autres membres de la communauté. Le rapport se penche tout particulièrement sur deux incidents : la manière dont un mariage gay a été traité comme un scandale en février 2008, et l'arrestation de neuf homosexuels dans le village de Mbao en décembre 2008. Le rapport examine également plusieurs autres cas montrant de quelle manière les arrestations pratiquées par la police en vertu de l'article 319.3 attisent la peur et la suspicion.
Le premier épisode examiné en détail par Human Rights Watch a débuté en février 2008, lorsque le magazine à ragots mensuel sénégalais Icône a publié une vingtaine de photographies prises lors d'une fête en 2006 en prétendant que les protagonistes étaient des homosexuels qui participaient à la cérémonie d'un mariage gay. Malgré l'absence de quelque preuve que ce soit d'un comportement homosexuel sur les images ou ailleurs, la police a arrêté plusieurs des hommes présents sur les photos. Ils ont été relâchés peu de temps après, mais un tollé de l'opinion publique, alimenté par des réunions religieuses, des sermons, une couverture médiatique à la recherche du sensationnel, a donné naissance à un torrent de menaces et d'agressions au cours des mois qui ont suivi, poussant de nombreux homosexuels à se cacher ou à fuir.
En décembre 2008, quelques jours seulement après que le Sénégal a accueilli une conférence sur le VIH/SIDA, la police a arrêté neuf membres d'AIDES Sénégal, une association de lutte contre le VIH/SIDA, les accusant de se livrer à un comportement homosexuel. Ils ont été condamnés par un tribunal à huit ans de prison, une fois encore en l'absence de preuves. Même si ces hommes ont été relâchés en avril 2009, beaucoup ont perdu leur emploi, ont été isolés de leur famille et de leur communauté, et doivent aujourd'hui se battre pour survivre.
Les Sénégalais interrogés par Human Rights Watch ont raconté avoir été insultés, frappés, déshabillés, menacés et torturés en prison, ou encore avoir été agressés et victimes de chantage de la part de membres de la communauté, sans aucune possibilité d'avoir recours à la justice ou à la protection de la police, d'autres membres de la communauté ou de dirigeants religieux. Ceux qui sont arrêtés et confrontés aux abus de la police doivent également faire face à la violence du public une fois relâchés. Human Rights Watch a découvert que la police, à plusieurs reprises, n'avait pas protégé des personnes victimes de justiciers violents ou de menaces violentes en raison de leur orientation ou de leur expression sexuelle.

Voir aussi: Antigay Violence on the Rise in Senegal (The Advocate 30.11.10)

2 kommentarer:

Johan Brandt t. Grevnäs sa...

C'est affreux! Quelle audace contre l'humanité.

Johan Brandt t. Grevnäs sa...

Je me place totalement derrière Human Rights Watch dans sa lutte contre discrimination à cause de l'orientation sexuelle.